Réforme retraites : « il faut tenir compte de la pénibilité des conducteurs »

– Tenir compte de la pénibilité des conducteurs –

L’année 2023 ne se présente pas sous les meilleures auspices. L’inflation n’a jamais été aussi élevée et on nous dit que ce n’est pas fini : les produits alimentaires ont subi une inflation de 12 % sur un an et les prix vont encore augmenter en avril prochain. Le prix des énergies ne cesse de s’envoler et met à mal de nombreuses entreprises dans de nombreux secteurs d’activité. Le nombre de défaillances ne cessent de croître. Puis, le gouvernement vient d’annoncer son projet de réforme des retraites : départ à la retraite à 64 ans avec 43 années de cotisations d’ici à 2030.

pénibilité des conducteurs

Les organisations syndicales s’opposent fortement à cette reforme et annoncent un mois de février 2023 riche en journées de mobilisation avec déjà une 2ème journée de mobilisation le 31 janvier 2023. Cette réforme est pourtant nécessaire si on veut que le système de répartition perdure. En effet, le nombre d’actifs est inférieur au nombre des retraités et l’année 2022 est l’année la plus faible en nombre de naissances depuis 1946, ce qui ne va pas dans le bon sens pour rétablir cet équilibre. La génération du « baby-boom » est devenue le « papy-boom » et cette génération a fait beaucoup moins d’enfants que la génération précédente. 
Cependant, dans le secteur du transport, cette réforme doit absolument tenir compte de la pénibilité pour les conducteurs : en effet conduire au-delà de 57 ans, comme le prévoit le CFA actuellement, est dangereux. C’est une question de sécurité routière : les réflexes ne sont plus les mêmes, le temps de récupération est beaucoup plus long et la conduite de nuit est extrêmement éprouvante. Cette réforme doit donc tenir compte de la pénibilité du métier de conducteurs.
Bref les mois à venir risquent d’être encore très compliqués et la mobilisation contre cette réforme va automatiquement perturber l’activité économique de notre pays. Franchement, nous n’avions pas besoin de cela après 3 années difficiles suite à la pandémie de la Covid 19. L’activité est déjà plus que morose avec de fortes baisses de volume depuis la fin de l’année dernière. Les transporteurs vont connaître tout de même une augmentation de leur coût de revient de plus de 8% sur le premier semestre 2023 (prévisions du CNR) et aucun d’entre eux n’a pu obtenir une augmentation significative de leurs tarifs pour 2023 afin de faire face à cette forte augmentation de leur coût de revient.
Nos clients refusent systématiquement de nous octroyer une forte augmentation prétextant une activité morose, c’est la loi de l’offre et de la demande. Certes, mais nous ne pourrons pas nous permettre de rouler à perte très longtemps. C’est une question de survie. Le pire est quand nos clients nous donnent pour prétexte que l’un de nos concurrents a accepté même une baisse de tarifs : certains transporteurs proposent des tarifs équivalents à ceux de 2018. Comment peuvent-ils proposer de tels tarifs ? C’est un véritable suicide, tout cela pour être sûr que le marché lui reviendra. Quelle honte pour la profession ! Il faut absolument que nous soyons solidaires afin de nous faire entendre. Il en va de notre survie à tous.
Sandrine BACHY, présidente de l’UNOSTRA