La Convention Citoyenne pour le Climat : mort annoncée des transporteurs Français
– Convention Citoyenne Climat –
Le texte de la Convention Citoyenne pour le Climat est paru le 8 janvier dernier et doit être présenté à l’Assemblée nationale le 10 février prochain.
Toutes les organisations patronales du secteur du transport (FNTR, OTRE, TLF, UNOSTRA) ont pourtant refusé de signer ce texte en l’état. Malgré nos contestations, le gouvernement n’y a rien changé.
Ce texte est inacceptable : il est prévu la suppression totale du remboursement de la TICPE en 2030 avec des diminutions annuelles à compter de 2023, une écotaxe régionale décidée par chacun des présidents régionaux à compter de 2023, une obligation d’investir dans des véhicules dits « propres » avec un seuil de 7500 dès 2023, et un délit d’écocide.
La suppression totale du remboursement de la TICPE en 2030 met en péril la survie de nos entreprises de transport. Quel transporteur réalise un bénéfice supérieur au remboursement de la TICPE ? Aucun. Puis ce n’est pas parce que les transporteurs vont payer le carburant plus cher que cela va résoudre le problème des émissions de CO2.
Les transporteurs ont toujours fait des efforts en terme d’écologie : 57 % du parc français était équipé en véhicules de norme Euro 6 en 2017, véhicules qui n’existaient que depuis 2014. Le secteur ne représente que 6 % des émissions de CO2 au niveau national. On peut se souvenir que pendant le premier confinement de mars 2020, les émissions de CO2 avaient fortement disparu alors que les camions avaient le droit de circuler normalement.
La CCC nous impose donc d’investir dans des véhicules dits plus « propres » comme des véhicules électriques ou à hydrogène. Aujourd’hui, les véhicules électriques coûtent 6 fois plus chers que les véhicules diesel et ont une autonomie de seulement 250 kilomètres. C’est-à-dire des véhicules inexploitables pour les transporteurs au vu de leurs besoins. Rappelons qu’un grand routier parcourt plus de 500 kilomètres par jour. En ce qui concerne les véhicules « hydrogènes », les constructeurs ne sont pas prêts et n’ont aucun modèle à nous proposer. Que nous reste-t-il donc ? Nos tracteurs diesel qui vont donc être beaucoup plus taxés.
Nous ne pouvons accepter un tel texte qui augmentera notre fiscalité de façon certaine alors que la situation économique est très difficile suite à la pandémie liée à la COVID-19. Nous n’avons aucune visibilité à moyen et long terme. Nous ne pourrons point supporter la nouvelle taxe régionale en plus du rabot de la ristourne de la TICPE.
Pourquoi serions-nous taxés d’avantage alors que nous ne consommons que ce que nous trouvons sur le marché ? Pourquoi ne pas aussi taxer les constructeurs s’ils ne respectent pas les normes écologiques en terme de production ? Les transporteurs sont uniquement des prestataires de services et des consommateurs.
En plus, instaurer un délit d’écocide est une aberration, ne pouvant pas investir dans des véhicules dits plus « propres », le marché du véhicule ne correspondant pas aux demandes de la CCC. Nous ne sommes point coupables d’une telle situation, mais il faut bien trouver un responsable.
Nous, transporteurs, ayant toujours honoré nos obligations (nous n’avons pas défailli pendant les confinements malgré les difficultés et nous avons assuré l’approvisionnement du pays en produits essentiels et médicaux), nous ne pouvons continuer à nous taire et à nous laisser faire. Nous devons réagir afin d’être entendus et écoutés. Et très rapidement avant de tous mourir à petit feu.
Sandrine Bachy, présidente de l’UNOSTRA
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