Femmes et transport : pilier de l’ombre, force du secteur – Barbara Gibert – Un pilier essentiel des Transports Montagnards

Dans l’univers du transport routier, un secteur souvent perçu comme très masculin, de nombreuses femmes jouent un rôle clé en coulisses, assurant le bon fonctionnement des entreprises sans toujours être sous le feu des projecteurs. Barbara Gibert, co-gérante des Transports Montagnards, incarne parfaitement cet engagement. À l’occasion de la Journée de la Femme, elle revient sur son parcours, les défis rencontrés et l’importance du rôle des femmes dans le secteur du transport routier de marchandises.

Pouvez-vous nous expliquer votre rôle au sein de Transports Montagnards et vos principales responsabilités ?

J’ai rejoint les Transports Montagnards en 2005 en tant que secrétaire comptable. J’ai suivi quelques modules de base en comptabilité avec le CNED et acquis le reste de mes compétences par la pratique, d’abord au sein d’une entreprise de services que j’avais créée, puis progressivement dans le secteur du transport. En 2008, lorsque l’entreprise a été transformée en SCOP (Société Coopérative et Participative), j’ai passé l’attestation de capacité de transport de marchandises et suis devenue co-gérante en 2011 aux côtés de Nicolas Artaud.

Aujourd’hui, je suis responsable de la gestion administrative et comptable de l’entreprise :

  • Gestion de la trésorerie et suivi des financements
  • Relations avec les banques et fournisseurs
  • Suivi des déclarations fiscales et sociales
  • Calcul des paies et suivi des charges
  • Gestion des dossiers administratifs liés au transport
  • Facturation clients et comptabilité de l’entreprise

C’est un rôle qui demande rigueur et anticipation pour assurer la stabilité et la croissance de l’entreprise.


Le transport routier est souvent perçu comme un secteur masculin. Comment vivez-vous cette réalité ?

Ayant travaillé auparavant dans un milieu universitaire scientifique, également majoritairement masculin, je n’ai pas eu de mal à m’adapter. Cependant, les clichés ont la vie dure.

Encore aujourd’hui, il arrive que des commerciaux ou des nouveaux collaborateurs me considèrent comme la secrétaire, avant de comprendre que je suis décisionnaire. Il faut sans cesse prouver sa légitimité, alors que les compétences et l’expérience devraient suffire.

 

Quelles difficultés avez-vous rencontrées en intégrant le secteur du transport ?

La plus grande difficulté a été le manque initial de reconnaissance dans le domaine du transport. Pour y remédier, j’ai passé en 2008 l’attestation de capacité de transport de marchandises.

J’ai eu la chance de bénéficier d’un accompagnement financier grâce à un programme visant à soutenir les projets portés par des femmes. Ce soutien, ajouté à ma détermination, m’a permis de me former et d’apporter une vision stratégique à l’entreprise.

 

Quelle est, selon vous, votre contribution essentielle à l’entreprise ?

Au-delà de mes compétences en gestion, je pense que ma présence apporte une autre dynamique.

D’une part, une vision analytique et rigoureuse des comptes de l’entreprise a permis, avec Nicolas Artaud et le soutien de nos partenaires, de redresser une situation économique difficile et de stabiliser l’activité.

D’autre part, je crois que ma manière d’aborder le management fait la différence :
Être à l’écoute des salariés et comprendre leurs préoccupations,
Favoriser le dialogue pour éviter les tensions internes,
Apporter une organisation efficace qui permet à chacun de travailler dans un cadre structuré.

Les femmes apportent souvent une approche plus souple et diplomatique, ce qui est essentiel dans une entreprise où les défis sont nombreux.

Pensez-vous que les femmes sont suffisamment reconnues dans le secteur du transport ?

Pas encore assez. Il y a souvent deux types de parcours :

  1. Les femmes conductrices poids lourds qui évoluent vers des postes à responsabilité, et dont la légitimité est plus facilement reconnue.
  2. Les femmes qui, comme moi, arrivent dans le transport sans expérience préalable et doivent faire leur place dans un univers très codifié.

Pour ces dernières, il faut souvent se battre plus longtemps pour s’imposer. Cela peut expliquer pourquoi certaines dirigeantes sont perçues comme « dures », alors qu’elles doivent simplement se faire respecter dans un environnement où les positions sont parfois figées.

Quel message aimeriez-vous adresser aux femmes qui, comme vous, jouent un rôle clé sans être sous les projecteurs ?

Ne lâchez rien.
Le transport routier a besoin de vous, de votre engagement et de votre vision. Ce secteur évolue, les mentalités changent, et c’est en affirmant notre place que nous contribuerons à cette transformation.

Un parallèle avec le rapport sur la place des femmes dans le TRM

L’expérience de Barbara Gibert reflète les conclusions du rapport sur la place des femmes dans le transport routier de marchandises. Malgré une présence encore minoritaire, leur impact est fondamental dans la structuration et le développement des entreprises du secteur. Loin d’être seulement en « soutien », elles jouent un rôle moteur dans la gestion, la stratégie et l’innovation.

L’UNOSTRA s’engage à valoriser ces parcours et à encourager la reconnaissance des femmes dans le TRM.

Paris, le 7 mars 2025