Tout un paradoxe : l’édito de la présidente de l’UNOSTRA

– tout un paradoxe : l’édito de la présidente –

La réforme des retraites a été validée par le Conseil Constitutionnel le vendredi 14 mai dernier et a été promulguée dans la foulée par Emmanuel MACRON. L’âge légal de départ en retraite sera donc de 64 ans.

paradoxe

Des contestations perdurent et vu les réponses du gouvernement, pas sûr que cela fasse avancer les choses. En revanche, ce qui continue de gagner du terrain, c’est l’inflation mettant à mal le pouvoir d’achat des Français. La situation économique des entreprises est de plus en plus difficile. 
Lors des contestations contre la réforme des retraites, le patronat a été montré du doigt et critiqué. Pourtant, de nombreuses branches ont augmenté les rémunérations de façon conséquente face à l’inflation. Dans le transport routier, les salaires des conducteurs ont été augmentés de 9.70 % et les indemnités de déplacement de 7.90 % sur l’année 2022. 
Les transporteurs ne pourront accorder la même chose pour l’année 2023 car les charges d’exploitation des entreprises aussi augmentent: 21.50 % pour le carburant, 4.75 % pour les péages autoroutiers, 15 % pour l’entretien des véhicules routiers, 25% pour l’achat des véhicules. Ce qui a entraîné une perte de production par véhicule de 4.20% de 2021 à 2022.
Face à cela, la conjoncture économique n’a pas permis aux transporteurs d’augmenter leur prix de vente en conséquence pour l’année 2023 : baisse des volumes et forte concurrence.
Leur marge de manœuvre est donc limitée afin d’augmenter encore les salaires. Surtout pour les TPE-PME que nous représentons. Si on augmente les salaires mais pour que nos entreprises mettent “ la clé sous la porte”, personne ne sera gagnant. 
Face aux nombreuses difficultés que l’on connaît, le président de la République a annoncé un pacte de la vie au travail qui devra développer plusieurs points comme la réforme des lycées professionnels, l’emploi des seniors, les carrières, l’usure professionnelle et les rémunérations. Pôle Emploi va aussi devenir France Travail avec l’objectif d’œuvrer pour le plein emploi. 
Tout cela est très bien.
Mais les entreprises ne pourront pas à elles seules porter le fardeau de cette conjoncture économique et augmenter les salaires en suivant l’inflation. Sans compter que les différentes augmentations de salaire de nombreuses branches n’ont pas réduit le nombre de chômeurs et les pénuries de personnel perdurent comme dans le transport, la restauration et l’hôtellerie, le bâtiment, les aides à domicile…..
Il y a quelque chose que le gouvernement ne semble pas avoir saisi : le rapport au travail a changé et le Covid a accéléré ce changement. Le travail n’est plus un moyen de s’épanouir mais un outil au service de projets personnels.
Il faut redonner l’envie de travailler, remettre le travail en avant comme étant un moyen de bien vivre et de réaliser tous ses projets personnels. Cela passe automatiquement par récompenser le travail. 
Quel paradoxe : il faut revaloriser et mettre en avant le travail en augmentant les salaires tout en enrayant les pénuries de main d’œuvre. Quelle est la bonne solution ? C’est tout le problème. Le gouvernement peut-il la trouver ?

 

Sandrine BACHY, présidente de l’UNOSTRA