Conseil national de la refondation : « on marche sur la tête »

– Conseil national de la refondation : « on marche sur la tête » –

 

Le Conseil National de la Refondation a commencé.
Nous sommes en plein plan de sobriété : on nous demande de réduire d’au moins de 10% notre consommation en électricité afin d’éviter tout délestage (coupure) cet hiver. Nous avons donc bien un problème d’approvisionnement électrique et ceci pour plusieurs raisons : réacteurs nucléaires en maintenance, réduction de notre dépendance russe…

conseil national de la refondation

Parallèlement, on nous demande d’investir massivement dans des véhicules électriques, particuliers et professionnels. Le Conseil National de la Refondation est très clair sur ce point : nous devons tous avoir des véhicules électriques, quelle que soit notre activité, courte ou longue distance, marchandises et voyageurs, sinon nous serons taxés lourdement.
Nous avons beau argumenter en expliquant que ces investissements étaient pour l’instant trop coûteux pour nos entreprises, que les transporteurs auront du mal à investir dans de tels véhicules (4 à 5 fois plus cher que le diesel), que les aides étaient inadaptées (il est prévu une aide par l’Etat pour financer 545 véhicules comprenant 204 autobus, 21 autocars et seulement 84 camions), sans oublier de parler des autonomies de ce type de véhicule : on nous répond qu’il va falloir apprendre à prendre son temps et que les trajets à parcourir mettront beaucoup plus de temps. Certes, on pourra peut-être un peu plus apprécier le paysage, mais il faut savoir que nous, transporteurs, sommes payés au kilomètre parcouru et non au temps passé sur la route.
On nous dit aussi qu’il va falloir réduire nos trajets et nous contenter de parcourir que des courtes distances. Je vous raconte pas la future réaction des clients quand on va leur dire qu’un voyage Lille-Marseille n’est plus possible et qu’en même temps, on va leur demander une augmentation de nos tarifs.
Tout ceci va peut-être nous amener à changer notre mode de vie. On comprend qu’il va falloir que nous perdions tous l’habitude d’avoir tout et tout de suite. La société de consommation va donc être mise à rude épreuve et le particulier devra faire du tourisme local et visiter sa région en vélo. Le conseil national de la refondation semble avoir réponse à tout. Ou presque, car quand nous évoquons le problème d’approvisionnement, on fait comme si nous n’avions pas évoqué le problème et on reste sur sa position du tout électrique le plus rapidement possible sinon c’est la taxation qui nous attend. Au passage, quid du mix énergétique ?
Bref, pour l’instant, nous comprenons bien que nous, les transporteurs, nous verrons imposés de nouvelles taxes (comme si nous nous n’en payons pas déjà suffisamment et que nos marges étaient extensibles) car nous n’aurons pas les moyens d’investir dans des véhicules électriques extrêmement coûteux ne répondant pas à tous nos besoins. Sans compter l’incertitude qui plane autour de pouvoir disposer de l’énergie nécessaire afin de pouvoir rouler tout électrique.
Si vous n’avez pas encore finalisé votre liste au père Noël, nous vous conseillons de lui commander des chevaux attelés à des charrettes comme au Moyen Âge. Encore mieux, demandez lui simplement de vous laisser son traîneau et ses rennes afin de pouvoir faire notre travail. 

 

Sandrine Bachy, présidente de l’UNOSTRA